Fou trop poli

SAVITZKAYA Eugène

Ce Fou trop poli écorce, bêche, plante, cueille, dans un jardin quelque part en Brabant. Jardinier de la mémoire, il convoque les parents morts (“en nous, ils vivent”), la lignée de l’exil empreinte des lourdes terres d’origine, de Pologne et de Crimée ; il dit l’enfance et les jours d’aujourd’hui, et les amis, et les amours, et l’écriture sur la tablette du petit secrétaire entre deux bretelles d’acier et les sapèques qui filent entre les doigts… Tandis qu’inexorablement, le rat mord la racine de l’arbre en fleurs et que la faucille s’aiguise.

 

Eugène Savitzkaya écrit juste. Précis ou loufoque, léger ou déchirant, il reste au plus près de la nature et de la vie, de sa vie peuplée de morts, ouverte aux vivants, emplie et déjà usée des jours de travail ou de fête. Cette oeuvre poétique a depuis longtemps trouvé sa voix, reconnue et retrouvée avec plaisir. Nous avions déjà aimé En vie (N.B. avr. 1995).