Des jours d’une stupéfiante clarté

APPELFELD Aharon

À la libération du camp de concentration où il était détenu, Theo, jeune Juif d’une vingtaine d’années, fuit les autres rescapés et décide de rentrer à la maison, mais la route, pourtant éclairée par le souvenir de sa mère, Yetti, n’est pas aussi rectiligne qu’il se l’imagine…  De son écriture toujours aussi juste, grave et profonde, Aharon Appelfeld, mort récemment, reprend dans son dernier roman les thèmes qui habitent son oeuvre déjà très remarquée (Les Partisans, NB septembre 2015). La marche de retour du jeune homme s’accompagne d’un pèlerinage intérieur, peuplé de cauchemars, de rêves, de visions, de dialogues avec une mère belle, fantasque, irresponsable et adulée, figure centrale du livre, dont le goût pour le beau, le sacré, la musique a illuminé son enfance. Il s’émerveille de la nature, s’étonne de la singularité des comportements des survivants. De nobles figures émergent sur son chemin, le ralentissent et le bouleversent, comme celle de cette femme blessée qui a connu son père et lui en parle avec tendresse ou de cette autre qui, ayant perdu tous les siens, ne songe qu’à aider ses prochains. Concises mais chargées de sens, et d’une grande connaissance de l’humanité, quelques phrases en disent beaucoup en peu de mots. Magnifique ! (R.C.G. et M.-N.P.)