Des étés camembert

BOURRION Daniel

« J’ai passé deux ou trois étés suant dans une yaourtière géante mais résumé ainsi cela ne veut rien dire… » Celui qui parle ainsi découvre les arcanes du travail industriel dans une fabrique de camembert à un âge où on ne sait pas encore très bien ce qu’on fera de sa vie…

« Des étés camembert » ! Tant pis pour la poésie de l’été, le narrateur de cette autofiction se souvient et raconte son apprentissage de la vie dans une fabrique de fromage industriel. Il dénonce la pénibilité sournoise des chaînes, la chaleur, l’atmosphère insipide, le poids stupide d’une hiérarchie d’exploités, etc. Il dénonce mais avec quelle écriture ! Un récit coup de poing, tout en retenue, sobrement descriptif. Et surtout un sens de la phrase où le point se fait rare, le récit en train de s’écrire coulant de source comme le souvenir qui lui donne forme et ne souffre pas d’interruption. Une quinzaine de chapitres qui s’arrêtent tout naturellement au sortir d’un été, au sortir de l’histoire. Ce texte est d’une telle beauté qu’il fait oublier l’intérêt de l’illustration en blanc et noir qui l’accompagne. (C.B. et M.T.D.)