Darwyne

NIEL Colin

En Guyane, à la lisière de la forêt amazonienne, Darwyne vit avec sa mère et son beau-père dans un bidonville. À dix ans, le jeune garçon, légèrement handicapé, n’a d’yeux que pour sa mère dont tous admirent la beauté et le courage. Mais il en attend désespérément des témoignages d’amour. Mathurine, une éducatrice mandatée par les services de protection de l’enfance, vient rendre visite à la petite famille, visée par un signalement de maltraitance. La jeune femme va s’attacher peu à peu à l’enfant, en partie désocialisé.

Niel Colin (Sur le ciel effondré, Les Notes septembre 2018) plante le décor de ce nouveau roman qui fait écho à sa « série guyanaise », à la frontière entre le monde des humains, en l’occurrence défavorisés, et celui d’une forêt quasi impénétrable, refuge secret d’un enfant un peu sauvage. L’intrigue devient rapidement celle d’un thriller particulièrement prenant quand l’éducatrice en mal d’enfant se métamorphose en enquêtrice qui s’acharne à comprendre de bien curieuses relations familiales et de mystérieuses disparitions. L’auteur excelle à traduire la psychologie perturbée d’un enfant malmené par la vie, en proie à des angoisses et des rituels, sous l’emprise d’une mère brutale. Ce roman donne à méditer, bien au-delà de sa dimension sociale désolante, à travers un personnage opportunément prénommé Darwyne, sur les « liens perdus avec le monde vivant ». Une œuvre puissante, d’une force magnétique rare qui inquiète autant qu’elle fascine. (A.K. et A.C.)