Daddy Love

OATES Joyce Carol

Robbie a cinq ans lorsqu’il se fait enlever sous les yeux de sa mĂšre. Gravement blessĂ©e par le vĂ©hicule du ravisseur, celle-ci cherche bravement Ă  se reconstruire tandis que son mari s’éloigne d’elle et ne pense qu’à retrouver leur fils. Pendant six ans, Robbie, appelĂ© GidĂ©on, devient le « fils » d’un pasteur de l’Eglise de l’Espoir Ă©ternel, Daddy Love, dangereux schizophrĂšne. AbusĂ©, matĂ© par toutes sortes de mauvais traitements, l’enfant perd progressivement sa combativitĂ©.  Certains livres s’inspirent de la rĂ©alitĂ©, rĂ©voltent et laissent un sentiment d’impuissance. C’est le cas de la fiction que livre J.C. Oates (Ce que j’ai oubliĂ© de te dire, NB fĂ©vrier 2014) sur l’enlĂšvement d’un enfant. Le rapt violent, repris trois fois avec autant de justesse, la culpabilitĂ©, l’attente et la reconstruction physique font Ă©cho aux sĂ©vices subis par Robbie. Seules les punitions sont dĂ©crites, les abus n’étant que suggĂ©rĂ©s. L’étude comportementale du garçon en perpĂ©tuel effroi, oscillant entre soumission et rĂ©bellion, et celle de son « pĂšre » si charismatique au dehors, sont remarquablement dĂ©veloppĂ©es par l’auteur. Ce livre fort, qui reflĂšte l’angoisse d’un enfant et la dualitĂ© d’un homme, Ă©vite le voyeurisme et souligne la complexitĂ© de la nature humaine. (V.A. et Maje)