Comment cuisiner et dévorer les enfants

MCGOWAN Keith

Il n’y a plus de forêt profonde où perdre les enfants. Qu’à cela ne tienne, Fay Holadery, sorcière patentée, exerce désormais en ville et se délecte de ceux qu’on lui amène – en gibelotte, en brochette ou autre – en toute discrétion. Pour éviter de finir en plat de résistance, Salomon et Constance font taire leurs chamailleries et unissent leurs compétences face au fourneau de l’ogresse. L’humour noir est-il soluble dans la bibliothèque rose ? Ce conte modernise une pratique d’abandon jadis réservée aux plus pauvres, incapables de nourrir leur progéniture. Que dire de ces parents modernes, simplement incommodés par leurs enfants – hyperactifs ou cancres avérés – au point de les conduire eux-mêmes à la sorcière ? Même si le chien s’appelle Swift, on est bien loin d’un pamphlet – dénonçant quoi ? – ces parents-là ne sont ni pauvres ni même parents, une ténébreuse affaire de jumeau et d’héritage éludant la difficulté. La lecture est facile mais l’écriture manque singulièrement de mordant. Et les enfants n’assurent pas vraiment : la fillette a bien quelques tours pendables à son actif mais à l’encontre de son frère, son remords pleurnichard s’épanche bien vite et son frère, tout surdoué des sciences qu’il est, manque d’assurance. On rit peu en parcourant cette intrigue prévisible. Un sujet périlleux pour un premier roman.