Chevreuse

MODIANO Patrick

Écrivain dĂ©jĂ  ĂągĂ©, Jean Bosmans ouvre la vanne de ses souvenirs. Il se revoit, la vingtaine, et revit cet Ă©pisode qui l’a conduit d’Auteuil Ă  Chevreuse, en compagnie de Camille et d’une amie. Il rĂ©active
cette brĂšche qui, Ă  l’époque dĂ©jĂ , l’avait ramenĂ© aux sources de son enfance, par le truchement d’étranges intermĂ©diaires interlopes, probablement pas si fortuits qu’il pensait le croire.

Balade au pays de la mĂ©moire qui compose une sorte d’archĂ©ologie du souvenir, pĂ©rĂ©grination poĂ©tique dans Paris et la campagne au rythme des saisons et des lumiĂšres, ce beau roman dĂ©roule aussi une vague intrigue policiĂšre dont le dĂ©veloppement, loin de suivre une enquĂȘte linĂ©aire, se glisse dans les mĂ©andres de la mĂ©moire, avec ses illuminations imprĂ©vues et ses biais dĂ©formants. Au-delĂ  du talent du conteur – qui gonfle avec brio une histoire, somme toute assez mince, dont les personnages sont des ombres – coule dans ce texte brillamment fluide, une rĂ©flexion sur l’essence mĂȘme de l’écriture et de la littĂ©rature, et sur les rapports mystĂ©rieux du rĂ©el au souvenir. L’Ă©motion ressentie Ă  la lecture de ce roman dense et musical est purement intellectuelle. Modiano tel qu’en lui-mĂȘme ! (D.M.-D. et M.-N.P.)