Chaque chose en son temps

MURAIL Lorris

1915, France. Près du front, Reine prend soin d’un mystérieux savant qui vit à l’écart du village. Qu’a-t-il mis au point pour percer le toit du laboratoire et ouvrir un couloir noir et vide ? 2015. Ce trou apparaît dans la cave où Théo s’exerce au rock-punk. Pour les jeunes frères, fans de Star Trek, le diagnostic est évident : un continuum spatio-temporel. Reine, pour faire soigner son hôte, l’emmène à l’hôpital militaire improvisé au château et se fait engager comme infirmière. Le récit alterne les deux niveaux/périodes qui essaient aussi de communiquer. Aux côtés de la jeune fille, on découvre par bribes la réalité du terrain : l’horreur des blessures, l’angoisse du renvoi au front ou du retour, handicapé, à l’arrière. Reine, attachée à son blessé civil en mauvaise posture, prête l’oreille aux propos rassurants des garçons qui ont compulsé leurs manuels d’histoire pour la rassurer. Le propos, parfois démonstratif, est tempéré par des épisodes comiques ou réconfortants : l’innocente bonne volonté des gamins, la fraîcheur d’âme de Reine qui découvre l’amour, la marquise au grand coeur carrément ridicule. Le ton est juste, même si ces deux univers sont disparates. (R.F. et C.G.)