Chante, rossignol

2012. À Beaulieu-sur-Vézère, petit village de Corrèze qui se meurt, le conseil municipal, pour créer une zone industrielle où s’implanteraient de nouvelles entreprises, tente depuis six ans d’exproprier Joseph, propriétaire d’une vieille et belle demeure familiale. Il a passé sa jeunesse au village, s’est fiancé avec Margot, puis s’est engagé brusquement pendant trente ans. Désormais septuagénaire bougon, un peu alcoolique, il a cependant quelques amis dont Alexandre, dix ans, déluré et débrouillard. Or les travaux sont imminents, et Joseph, toujours rebelle, promet au maire une surprise de taille !…  Le prolifique Gilbert Bordes (L’enfant de Loire, NB juin 2016) aborde des problèmes bien contemporains : désertification des campagnes pour laquelle les solutions sont rares ou rejetées par les anciens, désagrégation du tissu social, solitude des personnes âgées et réalité des maisons de retraite. Mais l’intrigue repose surtout sur la rupture brutale avec Margot, soudaine, inexpliquée et qui hante encore Joseph. Les personnages sont touchants, hauts en couleur et l’atmosphère du village bien rendue mais on devine assez vite le terrible secret du héros et l’auteur en retarde inutilement la révélation : ses admirateurs risquent d’être un peu déçus ! (E.L. et M.-C.A.)