Sur le ton simple et détendu d’une conversation à bâtons rompus, Michel Déon déroule le fil de quelques-uns de ses souvenirs d’Irlande ; une Irlande vue, ressentie, vécue et appréciée au jour le jour, depuis le premier automne et hiver de 1969 qui a inauguré sa progressive installation dans le pays. Pour décrire les austères habitations de l’ouest, entourées de paysages mouillés, peuplés d’oiseaux, ou évoquer ses habitants si typés, l’écriture est toujours enjouée, sensible et juste. Aussi n’est-on pas près d’oublier Derek, le dernier « gentilhomme de loisir », vendant par morceaux son patrimoine, Tim, le vieux facteur sur son antique vélo, Pat-Jo, le factotum miraculé de Lourdes… Sur chacun, l’auteur pose un regard d’estime affectueuse. Jusqu’au bout, l’on est pris au charme du récit qui n’omet ni Yeats, ni Mc Gahern, ni Saint Brendam. En pendant de Pages grecques (N.B. juil-août 1993), ces « pages irlandaises » enchantées célèbrent, avec élégance, la qualité d’un lieu encore béni.
Cavalier, passe ton chemin ! Pages irlandaises.
DÉON Michel