California Girls

LIBERATI Simon

AoĂ»t 1969. Spahn Ranch, dĂ©cor de westerns – dont la sĂ©rie Bonanza – attire les touristes et abrite aussi diverses communautĂ©s hĂ©tĂ©roclites de marginaux : hippies, motards du club « Straight Satans » et de trĂšs jeunes filles crasseuses, en fugue, que Charles Manson, chanteur oubliĂ© par la gloire, domine totalement, alliant la drogue et la violence Ă  une sĂ©duction machiavĂ©lique. Trois d’entre elles, complĂštement subjuguĂ©es et manipulĂ©es, ont pour mission, sous l’autoritĂ© d’un junkie dĂ©foncĂ©, de commettre des crimes effroyables dans une villa choisie au hasard – celle qu’ont louĂ©e Sharon Tate et Roman Polanski.   Simon Liberati dit vouloir exorciser la terreur ressentie – il avait neuf ans – lors de l’affaire Manson. Au nom du principe sadien de libertĂ© il ose les sujets scabreux (Eva, NB novembre 2015), opposant un droit d’analyse Ă  toute censure. Les meurtres sont longuement dĂ©crits, Ă  partir des rapports de police, puis de quelques moments du procĂšs, dĂ©taillant chaque geste des tueurs avec un rĂ©alisme Ă  peine tempĂ©rĂ© par l’analyse psychologique ou politique de comportements souvent dĂ©lirants. En dĂ©pit de la richesse de son contenu, de sa forme rigoureuse et de son Ă©criture prĂ©cise, ce rĂ©cit peut provoquer une sensation pĂ©nible, jusqu’à l’insoutenable. (M.Bi. et M.-C.A.)