Bulles, bestiaire imaginaire de la mer

Sous l’oeil rond et attentif d’une mouette certainement rieuse, une jeune fille plonge avec palmes, masque et tuba rouges pour explorer la faune sous-marine. « Plouf ! ». Où donc est-elle passée ?   La voici au milieu des Trobos : magnifiques avec leurs motifs originaux et leurs couleurs bigarrées, ils inaugurent en beauté ses rencontres. Elle découvre ensuite les Pincetout en armure, sanglés dans leur carapace ; elle les entend : « Clac ! Clac ! ». Suivent les Zarallonges dont les longs tentacules s’enroulent autour de l’intrépide plongeuse qui commente : « Même pas peur ! ». Plus loin, ce sont les  Gobetout aux dents menaçantes, les Toukipics électriques qui font « GZZT ! » quand on s’approche, les timides Camouflettes qui préfèrent les fonds obscurs, les peu engageants Grognongnons, les Maxibulles qui font « Biop ! » vers la surface,  et les  Minus enfin qui escortent la grande baleine qui ramène la plongeuse éblouie au port. Bienvenue pour un voyage féerique dans des fonds marins pas tout à fait comme les autres : les espèces que vous y croiserez ne sont pas condamnées au dur combat pour la vie ; elles ne finiront pas davantage leur existence derrière la vitre protectrice d’un aquarium.  Elles appartiennent toutes au bestiaire sans limites de l’imaginaire. Presque toutes car pour ajouter au plaisir de leur inventaire,  un de ces animaux extravagants existe bel et bien dont tous les autres semblent des variations ludiques. La nature aussi a de l’imagination ! Au lecteur de ce « Cherche et trouve » facétieux de repérer l’intrus dont la liste lui est fournie en fin d’album. La balade océanographique est très organisée : des onomatopées expressives saluent, dans ce défilé festif, l’arrivée de chaque famille, portraiturée page de droite. Double page suivante, elle évolue dans son milieu naturel pour un ballet nautique improvisé en compagnie de la plongeuse dont les postures gracieuses ponctuent graphiquement les émotions. Les exclamations qui sonorisent chaque scène apparaissant à travers une découpe, ronde comme un hublot. Un texte bref et humoristique accompagne le spectacle d’un commentaire informatif fantaisiste. Un détournement amusant du documentaire animalier ! L’ illustration – des planches à l’acrylique, aux couleurs nuancées pour créer des ambiances variées- profite des doubles pages de cet album grand format, comme élargi par les horizontales bleues de l’eau. La verticale des bulles explicite joliment en langue-poisson le concert des voix sous-marines. Elle joue incontestablement  le rôle principal dans cette exploration drôle et inventive au charme irrésistible.  (C.B. et M. D.)