Apocalypse bébé

DESPENTES Virginie

La narratrice, Lucie, la trentaine désabusée, détective privée sans conviction, vient de laisser filer Valentine, seize ans, « nymphomane, défoncée à la coke et hyperactive ». Depuis le départ de sa mère quand elle avait deux ans, Valentine est élevée par une grand-mère omniprésente et un père écrivain en perte de popularité. Lucie s’associe à la Hyène, la star des privés, spécialisée dans les disparus, au look travaillé – « du tragique pur » selon un collègue. L’enquête de cet improbable tandem les conduira de Paris à Barcelone.

 

Accrochez-vous. Comme dans King Kong Theorie (NB. décembre 2006) le ton est virulent, les mots, âpres, giclent et les phrases, rabotées, déboulent : ça secoue mais ça fonctionne. Dans ce roman mené façon polar, Virginie Despentes met en scène une galerie de personnages bien typés et balaie large la société. Elle décape au vitriol les hétéros comme les homos – quelques scènes lesbiennes sont plutôt crues – les femmes, les ados, les écrivains, la politique et même les bonnes soeurs… On ne se lasse pas. C’est cinglant et drôle.