Comment une petite fille curieuse, vive, indisciplinĂ©e prend-elle conscience quâelle est juive et de ce que cela veut dire ? En reconstituant son passĂ© par le prisme de cette question, AgnĂšs Desarthe remonte le fil de sa gĂ©nĂ©alogie et fait des rapprochements qui Ă©tonnent.
Enfant, lâautrice nâa pas de grille de lecture imposĂ©e, elle est Ă©levĂ©e de façon ouverte. Elle va emprunter des chemins de traverse qui nâappartiennent quâĂ elle et qui font sa personnalitĂ©, lâesprit de contradiction, lâindĂ©pendance et une inventivitĂ© dĂ©concertante. Elle imite son grand frĂšre prĂ©parant sa barmitsva, singe le silence de sa famille lors dâun certain Kippour 1973 ; elle compare les fredonnements de sa grand-mĂšre paternelle, nĂ©e en Lybie, illettrĂ©e Ă©migrĂ©e en AlgĂ©rie, aux chants de la cĂ©lĂšbre Oum Kalsoum, tout cela sans comprendre ce que cela recouvre mais parce que ça lui plaĂźt. Adulte, elle lie la prise de conscience de sa judĂ©itĂ© au parcours de son pĂšre, dernier nĂ© dâune fratrie pauvre, brillant et respectueux des traditions familiales juives. On traverse ainsi une confluence dâĂ©poques et de cultures Ă travers une vision originale, dynamique et optimiste. On apprĂ©ciera particuliĂšrement la concision et la sobre efficacitĂ© de lâĂ©criture forgeant ces souvenirs oĂč le tragique se mĂȘle Ă des hasards chanceux, oĂč lâintelligence et le travail transforment les destins en succĂšs. Un mĂ©lange joyeux et grave dâune prise de conscience fondatrice. (A.Lec. et M.Bo.)
