Après dix ans passés à Richmond, ville active de Virginie, pourquoi Will tient-il à revenir dans le comté défavorisé de sa jeunesse ? Il y devient adjoint du shérif et, tenu par un défi intime, aide son ami d’enfance Sam, devenu accro à la drogue. Appelé sur les lieux de l’incendie d’une maison, Will extrait le corps poignardé de Tom, son autre ami… Zeke, le vieux père de Sam, est un coupable tout désigné…
« Nulle part où revenir » propose Henry Wise, titre puissamment évocateur de ce premier roman d’atmosphère et de mystère plus noir que policier, servi par une superbe écriture photographique, poétique et analytique. Lui-même originaire de Virginie, il s’attache à dépeindre cette région mal guérie de son histoire, tombée en léthargie, à l’écart du progrès. La végétation envahit les maisons abandonnées, les plantations de tabac, la nature libre et sauvage s’invite à chaque page. Les habitants, complexes, marqués par le surnaturel et le spirituel, descendants d’esclaves noirs ou blancs déclassés, se côtoient, résignés, liés par d’obscurs et poisseux drames communs. Un besoin viscéral de réparer le passé les tenaille. Retourner au pays, c’est revisiter le passé… mais est-ce un chemin possible de rédemption ? Un très beau premier roman qui capte les vibrations confuses de ce Sud profond. Le final, tout en mélancolie, teinté d’un rien de lumière, est particulièrement réussi. (A.-M.Gi. et C.R.P.)