Ceux des marais

BARRETEAU Virginie

Un pays de marais, sans doute le marais vendĂ©en, avec ses bourrines oĂč habiter, ses canaux pour se dĂ©placer en yole et ses arbres tordus au milieu des prĂ©s mouillĂ©s. Le docteur fait ses visites auprĂšs des maraĂźchins qui vivotent lĂ , en maniant la gaffe sur sa « plate Â». Il les connaĂźt tous, vieux et jeunes ; il sait leurs secrets, leurs hontes, leurs frustrations, les accidents de leurs vies qu’il les aide Ă  surmonter car il est des leurs. Un jour Pacot disparaĂźt et le marais frĂ©mit.

Ce premier roman surprend et dĂ©route. Serait-ce une Ă©niĂšme chronique de la vie d’un mĂ©decin de campagne, le tableau naturaliste de la misĂšre silencieuse d’oubliĂ©s du progrĂšs dans la promiscuitĂ© d’une enclave rurale ? Certes les Pacot, les Rabiller et les autres donnent lieu Ă  des scĂšnes brutales de rĂ©alisme autour de la naissance et de la mort, la romanciĂšre tissant entre eux des liens avouĂ©s et inavouables qui sonnent juste.  Mais elle offre plus avec un mĂ©decin passionnĂ© de photographie Ă  l’ancienne. Les scĂšnes extraordinaires oĂč, dans l’obscuritĂ© de son appentis, il dĂ©veloppe les clichĂ©s qu’il a pris de ses patients habituĂ©s Ă  sa lubie sont autant de rĂ©vĂ©lateurs de ce qu’ils sont et la romanciĂšre utilise cette mise Ă  nu pour rĂ©soudre l’intrigue qui lie son rĂ©cit. Son talent minutieux de portraitiste s’étend enfin Ă  la description de la nature, composante primordiale du microcosme qu’elle habite d’une Ă©criture minutieuse et poĂ©tique. (C.B et A.-M.D)       Â