La fièvre

SPITZER Sébastien

Memphis, juillet 1878 : un homme, blanc, meurt en pleine rue, victime d’un mal fulgurant. C’est le début d’une épidémie de fièvre jaune qui va très vite se répandre et décimer la population. Quatre personnages clés sont au cœur de la tragédie : une tenancière de maison close, le dirigeant du journal local, proche du Ku Klux Klan, un ancien esclave noir et une petite métisse qui recherche désespérément son père.

Inspiré d’une histoire dramatique et réelle, ce roman, passionnant et bien construit, se dévore ! Il y est question non seulement d’épidémie mais aussi de racisme : deux sujets d’une brûlante actualité. La brutalité des faits, la montée des périls, l’exode désespéré de la population dans une effroyable panique, les contradictions entre les nantis et les laissés-pour-compte, sont évoqués avec un grand réalisme dans un style très efficace. Passant d’un personnage à l’autre par petites touches, décrivant avec beaucoup de finesse et de justesse leur évolution, Sébastien Spitzer (Le cœur battant du monde, Les Notes septembre 2019) interroge les consciences, fait bouger les lignes, démontre que la nature humaine réserve parfois des surprises, que les « justes » ne sont pas toujours ceux sur lesquels on aurait parié et qu’une situation exceptionnelle peut faire naître des revirements inattendus dans un bon sens comme dans un mauvais. (J.M. et M.-N.P.)

Lauréat du Prix CBPT 2021