Casse-gueule

Ava Zurguinther, belle trentenaire parisienne, subit une violente agression. L’homme s’est appliqué à détruire son visage au poing américain. Défigurée mais étrangement libérée, elle refuse de porter plainte, entre en résistance contre sa mère narcissique et impitoyable, voit dans cette horrible attaque une occasion de réfléchir, de réorienter sa vie. Elle part à la recherche du coupable et trouve Lazare, manipulateur et sadique.  Écriture et lecture sous tension dans cette dystopie où société et individus sont passés au rayon X et disséqués sans complaisance. Si les thèmes abordés sont classiques, la manière de les traiter, inscrite dans la « trans-réalité », est singulière, incisive. La perméabilité constante entre la réalité d’un monde élitiste, obsédé par les apparences, et la fiction illustrée, entre autres, par une société secrète qui cherche à instaurer « le chaos des origines », défigurant les visages les plus admirables pour les affranchir de la normalité, entretient un climat anxiogène et violent. Le récit s’organise en trois parties très inégales et se nourrit de la complexité des personnages. Servi par une écriture puissante, âpre, vive, ce court roman sans concession, où les victimes deviennent bourreaux, est étrange et déroutant jusqu’à la dernière ligne. (R.C.G. et C.R.P.)