Né un mardi

JOHN Elnathan

Venu étudier à l’école coranique de Bayan Layi, Dantala traîne avec de jeunes militants qui ont de sanglants accrochages avec la police. Il retourne à Sokoto où il ne retrouve ni sa maison, emportée par les inondations, ni sa famille. Ses frères sont devenus chiites, sa mère a perdu la raison. Alors Dantala devient le boy d’un imam salafiste modéré, il apprend l’anglais, tombe amoureux. Il doit affronter un groupe radicalisé qui tient en otage son meilleur ami. Les affrontements entre communautés islamiques se multiplient. Les forces de l’ordre s’en mêlent. Le jeune homme est torturé…  Le premier roman d’un avocat et journaliste nigérian trace un tableau très sombre de ce pays mal connu et très complexe. Aux problèmes de pauvreté s’ajoutent les luttes fratricides entre régime et opposition, chiites et sunnites, et différents courants salafistes. L’extrémisme intolérant camoufle les ambitions et la corruption. Le quotidien est vu par les yeux du narrateur, adolescent musulman curieux, intelligent et sagace. De ce monde trouble émergent aussi la figure d’un imam généreux et pacifique et l’amitié entre deux garçons sensibles, victimes de la violence des adultes. L’écriture sèche mêlant plusieurs langues est puissamment évocatrice. Un roman d’initiation dépaysant et pathétique. (L.G. et M.Bo.)