Le ventre du Crocodile

Un enfant imagine qu’il a 7 ans, qu’il a un chat et joue à chat perché avec lui, grimpe aux rideaux, devient un homme-singe dans la jungle ; il aurait alors un tigre dressé comme compagnon, avec lequel il plongerait dans l’eau. Là, il croiserait un crocodile, qu’il narguerait, mais le saurien lui arracherait la tête de ses machoires puissantes. Fin de l’histoire ? Certes non ! La tête, dans le ventre du crocodile, découvrirait émerveillée mille trésors… jusqu’à ce que le chagrin s’impose. Alors la mère interviendrait pour le sauver. L’histoire suit les rêveries, les envies d’aventure et les humeurs d’un jeune enfant ;  l’idée que, dans l’imaginaire, rien n’est impossible, est exploitée avec inventivité. Qu’en dirait un psychanalyste ? Le beau dessin au trait fin l’accompagne avec bonheur. L’enfant entre en scène sur un fond blanc ; sa chambre apparaît quand il commence à se travestir en homme-singe, et de nombreux détails montrent qu’elle est prête à se métamorphoser en jungle tropicale. Le dessin se fait luxuriant pendant l’aventure (bien qu’utilisant les couleurs avec sobriété), puis revient progressivement à l’épure. Un album entre désir d’autonomie et besoin de protection, au charme un peu exigeant, riche en hypothèses d’interprétation. (M.D.)