Une bande de treize idĂ©alistes de quinze ans engagent un tueur afin qu’il les Ă©limine si jamais ils trahissent un jour leurs idĂ©aux ! Trente-cinq ans plus tard, les idĂ©aux sont enterrĂ©s depuis longtemps. Si les treize se frĂ©quentent encore, c’est qu’ils travaillent dans la mĂȘme sociĂ©tĂ© de tĂ©lĂ©surveillance. Quand la premiĂšre d’entre eux meurt, personne ne tique. Au deuxiĂšme dĂ©cĂšs, survenu treize jours aprĂšs, la plus sensible se souvient de leur engagement et craint une malĂ©diction, puis les cadavres tombent avec une rĂ©gularitĂ© de mĂ©tronome. Un inspecteur ratĂ©, vexĂ© par les insultes de son pĂšre, s’intĂ©resse Ă l’affaire. C’est Ă une farce macabre que nous convie Mercedes Deambrosis, habile architecte d’univers noirs (Juste pour le plaisir, NB avril 2009). Pas de sentiments Ă©levĂ©s chez ses personnages mĂ©diocres ou ridicules, perclus de rancoeurs, haines et jalousies diverses, au mieux guidĂ©s par leur intĂ©rĂȘt personnel. Dans ce moderne Treize petits nĂšgres, l’attente apeurĂ©e, mĂątinĂ©e d’interrogatoires vaseux tient lieu d’enquĂȘte et les soupçons Ă©paississent l’atmosphĂšre poisseuse. L’Ă©criture rythmĂ©e et rapide, alternant gouaille familiĂšre, tournures distinguĂ©es et dialogues animĂ©s, participe pleinement Ă la jubilation sombre qu’engendre ce jeu de massacre cynique.
Le dernier des treize
DEAMBROSIS Mercedes
