Il faudrait s’arracher le coeur

FABRE Dominique

Au dĂ©but des annĂ©es quatre-vingts, le narrateur, Ă©tudiant Ă  Nanterre, sauve Ă  deux reprises un ami qui, en proie Ă  un chagrin d’amour, tente de se suicider. Il rencontre ses parents, son amoureuse, puis leurs contacts s’espacent. En revanche, il voit souvent JĂ©rĂŽme et Antonella, qui vivent Ă  Gennevilliers ; lui se drogue, elle rĂȘve d’autres horizons. Puis, le narrateur Ă©voque le dĂ©part de son pĂšre Ă  son adolescence, en 1976 Ă  AsniĂšres, l’incomprĂ©hension et le manque ressentis ; enfin apparaĂźt sa grand-mĂšre maternelle expulsĂ©e de MĂ©nilmontant vers une tour de Noisy.  Les souvenirs ressuscitent une Ă©poque et des lieux, nommĂ©s avec insistance, car ils facilitent l’ancrage de la mĂ©moire. Ils s’Ă©coulent dans une Ă©criture lĂ©gĂšrement chaotique, sans apprĂȘt, parfois rĂ©pĂ©titive, proche du langage oral, du flot de la pensĂ©e – qui donne un cĂŽtĂ© dĂ©sincarnĂ© et monotone Ă  la lecture. Il faudrait s’arracher le coeur revient comme un leitmotiv au dĂ©but, et colore l’ensemble du texte. Sans cesse les gens s’Ă©loignent ou disparaissent, engendrant tristesse et regrets (J’attends l’extinction des feux, NB novembre 2008). MalgrĂ© la subtilitĂ© de l’Ă©motion, l’ennui finit par s’installer devant ces bribes du passĂ© riches en dĂ©tails mais pauvres en liant narratif.