En censurant un roman d’amour iranien

MANDANIPOUR Shahriar

TĂ©hĂ©ran aujourd’hui. Le narrateur, Ă©crivain, veut publier un roman d’amour. Projet fou car la phrase la plus anodine paraĂźt vite licencieuse quand elle est Ă©pluchĂ©e par un Gardien de la RĂ©volution, juge de la moralitĂ©. Aussi les deux jeunes gens de l’histoire, Sara et Dara, se dĂ©clarent-ils leur flamme en messages codĂ©s, dans les pages des livres qu’ils empruntent Ă  la bibliothĂšque, sur Internet ou au tĂ©lĂ©phone. Autant de subterfuges nĂ©cessaires Ă  un curieux itinĂ©raire amoureux. OĂč cela peut-il bien mener ?

 

Shahriar Mandanipour, qui vit aux États-Unis, construit un roman militant dont la structure et les pĂ©ripĂ©ties s’organisent en fonction des difficultĂ©s de la crĂ©ation. Que dire ? Que raturer ? Quels mots choisir pour « suggĂ©rer sans dire » ? L’imagination et la culture de l’écrivain dĂ©jouent les interdits : les subtilitĂ©s de la langue et la richesse de la littĂ©rature amoureuse iraniennes fournissent des images de substitution – tolĂ©rĂ©es celles-lĂ  ! Il faut beaucoup d’humour et d’autodĂ©rision pour jouer ce jeu-lĂ  et dĂ©noncer en mĂȘme temps l’absurditĂ© des rĂšgles imposĂ©es Ă  l’Iran par la RĂ©volution islamique. Tragique et drĂŽle Ă  la fois, ce roman parle avec finesse des petits accommodements de la libertĂ© avec l’oppression.