Les Innocents et les Autres

Années 80. Passionnées de cinéma, deux adolescentes deviennent amies. Meadow renonce à un cursus universitaire et réalise des courts-métrages talentueux. Carrie mène une carrière plus classique en filmant des comédies commerciales. Jelly, la quarantaine, s’adonne au piratage téléphonique. Sa voix, son talent d’écoute la rendent irrésistible pour ses cibles masculines choisies dans le gratin d’Hollywood. Mais elle tombe amoureuse de Jack, un musicien, et la parade virtuelle prend fin. Meadow s’empare de ce fait divers « romantique ». Livré au public, il fait l’objet d’un documentaire oscarisé. L’image a brisé le fantasme. Mais à quel prix !    Après Stone arabia (NB janvier 2014), Dana Spiotta poursuit ses investigations sur la création artistique. Les très nombreuses références et les explications techniques combleront les cinéphiles. Dans une construction audacieuse et brillante, elle explore la personnalité de trois femmes motivées par un désir de réussite : professionnelle, sentimentale, familiale, amicale. Cette recherche identitaire qui devient avec le temps une source de désillusions peut aussi être une rédemption. Le sujet s’étoffe de considérations sociologiques et éthiques dans une tension qui ne faiblit pas. L’écriture précise et dynamique, les dialogues fouillés, les personnages originaux et attachants confirment le talent de cette exceptionnelle romancière.  (A.-C.C.-M. et M.-C.A.)