Villa des femmes

MAJDALANI Charif

À Beyrouth, dans les annĂ©es cinquante, Skandat Hayek gĂšre le riche patrimoine familial, entretient des relations courtoises avec sa femme, nĂ©glige l’éducation de leurs trois enfants et arbitre les diffĂ©rends avec sa soeur. Patron respectĂ©, il s’intĂ©resse Ă  la politique, nĂ©gociant avec les familles chrĂ©tiennes et chiites, se liant mĂȘme avec les chefs palestiniens. À son dĂ©cĂšs prĂ©maturĂ©, tout se dĂ©rĂšgle ; le fils aĂźnĂ©, fat et dĂ©pensier, prend la direction des affaires tandis que le cadet parcourt le monde. Alors que naissent les premiers soulĂšvements, les femmes demeurent seules dans leur villa dans un climat d’animositĂ©. Comme dans certains de ses prĂ©cĂ©dents ouvrages, Charif Majdalani (Le dernier seigneur de Marsad, NB dĂ©cembre 2013) propose le rĂ©cit intimiste d’une heureuse famille libanaise aux modestes origines Ă  laquelle la stabilitĂ© politique assure la prospĂ©ritĂ©. Le narrateur, fidĂšle chauffeur du pĂšre, se remĂ©more l’insouciante lĂ©gĂšretĂ© de la vie sociale beyrouthine et les alliances politiques d’un pays multiconfessionnel dĂ©crit en longues phrases tantĂŽt subtiles, tantĂŽt alambiquĂ©es. Jouant le contrepoint entre dissensions familiales et violences territoriales, l’auteur mĂȘle avec talent un Ă©pisode romanesque au tragique destin d’un pays ravagĂ© par les luttes autodestructrices pour le pouvoir, en une course folle. (M.R. et M.Ba.)