Vers la baie

JONES Cynan

Un homme à la mer, foudroyé dans son kayak. En état de choc, blessé, il peine à reprendre conscience, ne se rappelle ni qui il est, ni ce qu’il fait là. Le soleil le brûle. Un papillon, puis un étrange poisson-lune accompagnent l’embarcation : rêve-t-il ? L’instinct de survie lui revient peu à peu et quelques impressions fugaces lui restituent une identité encore floue. Devant lui, très loin, la ligne du rivage ; derrière, le grand large. La nuit vient.   Écrivain gallois, Cynan Jones (Tout ce que j’ai trouvé sur la plage, HdN avril 2014) fait monter, en moins de cent pages, la tension tragique qui reflète la situation d’un homme totalement seul aux prises avec les éléments marins et l’immensité hostile. Au-delà de la douleur physique, les sensations et souvenirs qui affleurent (le père d’abord, la compagne et un enfant à venir) installent le climat d’urgence et le suspense. Les nombreuses ellipses du récit sont matérialisées par des espacements inhabituels entre les paragraphes du récit et laissent le lecteur interpréter des signes épars comme des débris sur l’eau : la plume d’un oiseau, une poupée détrempée, une banderole publicitaire… Forme et fond parfaitement accordés. Laconique et impressionnant.  (T.R. et C.-M.T.)