Une sorte de lumière spéciale

VEILLEUX Maude

Dans ce diptyque, Maude Veilleux, auteure et poète québécoise, revient sur sa vie en Beauce québécoise de fille issue de la classe moyenne niveau sous-sol comme elle dit. Elle scande, dans le premier volume Last call les murènes, son attachement à sa terre natale oscillant entre un désir obsessionnel de comprendre et une envie viscérale d’oublier la lutte des classes, l’ennui, l’alcool, la drogue, le sexe, un homme aimé, la solitude, la vie virtuelle, la société de consommation :

« … tuer

une bonne fois pour toutes

la fille de la beauce… »

Le deuxième volume Une sorte de lumière spéciale fait part de ces mêmes interrogations, cette fois en tant qu’artiste qui se sent souvent dans la posture de l’imposteur par ce changement de classe sociale mais qui se libère par l’écriture pour trouver cette lumière spéciale qui permet d’exister : « … Power scato et full of rage. Je magasine des claques sur la gueule parce que j’aimerais me sentir brûlante… »

Son slam un peu déjanté, mélange de québécois et d’anglais, peut tout d’abord dérouter mais passée cette première impression, il se révèle sans œillères et criant de vérité sur le monde d’aujourd’hui :

« …l’époque est dans le now
l’hyper présent
un coupe-vent en tyvek
l’époque est grise
gris core et normcore
il y a un fog partout autour… »

La poésie de Maude Veilleux est certes une poésie qui bouscule, mais elle est aussi un beau message de tendresse qui ne peut pas laisser indifférent. (C.H et C.B)