Un pied au paradis

RASH Ron

Cinq voix se font entendre, dĂ©voilant Ă  tour de rĂŽle leur version des faits. Alexander, le shĂ©rif du comtĂ©, parle le premier. C’est lui qui doit dĂ©mĂȘler les noeuds du meurtre de Holland, ce hĂ©ros de la guerre de CorĂ©e aussi sĂ©duisant qu’inquiĂ©tant, qui vivait seul avec sa mĂšre. Billy, un voisin sans histoire, prend la parole ensuite. Amy, l’épouse aimante et aimĂ©e de Billy, a son mot Ă  dire ; elle aussi a eu sa part de tragĂ©die : le berceau de bois construit par Billy est restĂ©, beaucoup trop longtemps, obstinĂ©ment vide. Puis enfin Isaac est nĂ© et lĂ  les problĂšmes ont commencĂ©. La quatriĂšme voix, c’est la sienne. Tous ces personnages, meurtris par l’existence, endurcis et farouches, gardent enfouis la violence et la noirceur de leurs sentiments, mais aussi des rĂ©serves de tendresse et d’humanitĂ©. Le livre se termine sur une cinquiĂšme voix, celle de l’adjoint du shĂ©rif, tĂ©moin du drame final.  Ron Rash, qui dit trouver son inspiration dans ses propres poĂšmes, tisse dans ce premier roman une toile Ăąpre et Ă©mouvante. Et la nature, paradis menacĂ© par le projet d’un barrage, semble la mĂ©taphore de la souffrance intĂ©rieure des personnages. L’écriture simple et imagĂ©e est en accord avec la psychologie et le parler d’un milieu rude que l’écrivain connaĂźt particuliĂšrement bien. Une atmosphĂšre singuliĂšre nimbe ce roman noir dominĂ© par l’amour donnant Ă  cette intrigue trĂšs bien construite originalitĂ© et puissance.