Un amour au pied du Mur

Vincent, hautboïste, vit chez ses parents, communistes purs et durs : lui, Gilbert, travaille place du Colonel Fabien ; elle, Nuria, est éducatrice de rue. En août 1989, Vincent joue à Salzbourg et tombe amoureux de Renate, comédienne est-allemande, belle et fougueuse antilope, rencontrée à la frontière austro-hongroise où elle tente de passer à l’Ouest. Il l’aide et l’installe au domicile familial à Fontenay-sous-Bois. Elle a vite fait de déstabiliser la famille, tandis que pour le bloc soviétique, déjà bien fissuré, se profile la chute du mur de Berlin. Voici, par un ancien journaliste de l’Humanité (Maud et Matilda, NB avril 2008), le roman des lendemains qui déchantent. Il est illustré par le couple militant des parents qui prend de plein fouet le souffle nouveau venu de l’Est, incarné par la jeune Allemande, « souris abandonnant le navire du socialisme réel », égoïste insolente, aux moeurs débridées. L’auteur ne fait pas dans la dentelle, force le trait et fait basculer les grands principes dans une sombre affaire de famille. Le style, qui sait être caustique avec métaphores décapantes, peine parfois à soutenir le tempo de dérision de cette fable de l’idéal déçu.