Toutes les morts de Laila Starr

V.Ram, ANDRADE Filipe

Mumbai, de nos jours. Mme Shah, en plein travail et coincĂ©e dans un embouteillage, hurle au tĂ©lĂ©phone. Laila Starr, une jeune femme dĂ©jĂ  fatiguĂ©e de tout, est allongĂ©e sur le rebord d’une fenĂȘtre ouverte, plusieurs Ă©tages au-dessus du trafic. Et plus haut encore, bien au-delĂ  des nuages, la dĂ©esse de la Mort est convoquĂ©e dans le bureau de son patron. Ces trois destins se rejoignent au moment oĂč, simultanĂ©ment Laila saute dans le vide, Mme Shah donne naissance Ă  son fils Darius, et la Mort est renvoyĂ©e sans mĂ©nagement. Dans un futur, Darius est en effet celui qui dĂ©couvrira le secret de l’immortalitĂ© et relĂ©guera la Mort au rang de dĂ©sagrĂ©able souvenir. Mais la Mort, incarnĂ©e dans le corps sans vie de Laila, compte bien retrouver sa place, mĂȘme si elle doit pour cela Ă©liminer le jeune Darius. Du moins, c’Ă©tait le plan avant qu’un camion ne la fauche et qu’elle ne se retrouve Ă  nouveau ressuscitĂ©e quelques annĂ©es plus tard.

Dans le fond comme dans la forme, cette BD est une sacrĂ©e claque. A chaque nouvelle vie de Leila, les trouvailles narratives sont lĂ©gion pour nous embarquer dans cet univers de poĂ©sie. Une cigarette philosophe. Un corbeau psychopompe. Le fantĂŽme d’une petite fille. Un temple chinois solitaire. Tous nous accompagnent pour nous donner Ă  voir un nouveau prisme des interrogations de Leila / la mort. C’est plein de douceur, de pudeur, de mĂ©lancolie. Une cĂ©lĂ©bration de la vie paradoxale, quand au dĂ©tour de chaque page, la mort rode. 

Le dessin est sublime. TrÚs coloré, parfois à la limite du psychédélique-pop, quelques grandes cases pour mieux nous aspirer. Cette BD est un voyage qui ne laisse pas indifférent. Un voyage en Inde, mais surtout un merveilleux voyage au-delà de la mort.

(MC-MT)