Toute personne qui tombe a des ailes

BRAMI Élisabeth

Laisser la chambre en l’état et la murer ; telle est la dĂ©cision d’une mĂšre dont le fils s’est suicidĂ©. Avant de construire ce mur qui se refermera sur une vie de vingt ans dont les parents n’ont pas su entendre les souffrances, la mĂšre s’imprĂšgne de l’odeur des draps, regarde ses livres sur l’étagĂšre, ouvre des dossiers remplis d’extraits d’auteurs, de notes qui reflĂštent ses Ă©motions et qui parfois sont comme annonciatrices d’une tentation suicidaire. Comment n’ont-ils pas compris, tout mis sur le dos de la crise d’adolescence alors que le mal Ă©tait plus profond ? Sol, il s’appelait ainsi et seul il s’est toujours senti, diffĂ©rent, bancal



À travers une longue lettre adressĂ©e Ă  l’absent, oĂč elle s’exprime par phrases successives plus ou moins longues, rapporte des citations choisies par son fils, introduit des poĂšmes, une mĂšre dit sa douleur et son sentiment de culpabilitĂ©. Tous les signes annonciateurs du suicide remontent Ă  la lumiĂšre. S’envoler pour trouver la paix et l’absence de douleur : Ă  ceux qui restent de respecter ce choix. « 
Je serai ton tombeau comme je fus le berceau de ton premier cri
 ». Livre bouleversant dont l’écriture et la poĂ©sie touchent au plus profond de chacun en totale empathie, sans pathos mais avec luciditĂ© et humanitĂ©. (A.-M. R. et J. G.)