Taxi

AL KHAMISSI Khaled

Le Caire compte quatre-vingt mille taxis. Chacun a le droit de transformer sa voiture en taxi Ă  condition de payer licence, permis et compteur. La concurrence est rude, la circulation difficile, et les chauffeurs, chargĂ©s de famille, accablĂ©s de frais (nourriture coĂ»teuse, loyers Ă©levĂ©s, cours particuliers pour les enfants), ont bien du mal Ă  joindre les deux bouts. Comme dans toutes les villes du monde, les taxis sont le reflet de la sociĂ©tĂ©, un microcosme composĂ© d’ethnies, de religions et de personnalitĂ©s diffĂ©rentes. Des hommes d’ñges divers, dĂ©sabusĂ©s, fatalistes, intolĂ©rants, nerveux, ou philosophes, gĂ©nĂ©reux et bienveillants. Le passager et narrateur curieux interroge, Ă©coute, rit, se tait ou se fĂąche, sĂ©duit ou accablĂ©.  Ce roman, traduit de l’arabe, apparaĂźtre un tableau assez noir de la sociĂ©tĂ© Ă©gyptienne actuelle, plombĂ©e par des maux frĂ©quents en Afrique : simulacre de dĂ©mocratie, corruption gĂ©nĂ©ralisĂ©e, tracasseries administratives, urbanisation sauvage, enseignement inefficace, inĂ©galitĂ©s, pauvretĂ©, matĂ©rialisme ou fanatisme. Le rĂ©cit souffre du genre adoptĂ© : des chapitres courts relatant autant de courses diffĂ©rentes, sans lien apparent, qui donnent une impression de dĂ©cousu. Mais, plus parlant pour ceux qui connaissent Le Caire, il constitue le tĂ©moignage d’un observateur autochtone Ă©clairĂ©.