Tatou

ANACAONA Paula

Victoria, métisse franco-brésilienne, élevée en France par sa mère, a fait de brillantes études et gagne somptueusement sa vie. Elle habite désormais à Sao Paulo, avec son deuxième mari et ses deux enfants. Elle est fière d’avoir réussi, et trouve sa vie merveilleuse à deux (gros) détails près : le manque de considération dont souffrent les Noirs, qui la chagrine et dont elle pâtit parfois, et le fait qu’elle ne connaisse pas son père. Sous sa carapace de tatou, son coeur et ses certitudes vacillent alors qu’elle se confronte à l’écriture et aux textes scandés lors des saraus, réunions littéraires populaires. Victoria la superwoman décrypte avec un franc-parler réjouissant la société brésilienne, matérialiste, obsédée par l’enrichissement ; narratrice ironique, dupe ni d’elle-même ni des autres, elle souligne les clichés et leur omniprésence, en joue. Égocentrique assumée, elle désigne les autres par des surnoms génériques. À la recherche de son identité sous l’image, elle passe par la littérature, s’invente des doubles de fiction qui se débattent comme elle avec leur couleur de peau et l’absence de père. Une réflexion originale, vigoureuse, optimiste, pétrie d’un humour cinglant mais bienveillant, sur la condition de femme noire aujourd’hui, au Brésil – et ailleurs.  (M.D. et F.E.)