Sphinx

Une femme de quarante ans s’interroge sur le bonheur énigmatique de son ex-mari avec Claire, jeune femme solaire. Elle se remémore ce qu’ils furent lui, Felix, et elle au temps de leur jeunesse. S’il plaît à cette beauté, n’est-ce pas parce qu’elle, la première épouse, en a fait un homme ? Quelle injustice alors ! Par lettres adressées à Claire, elle met à nu les sentiments et les revendications qui l’agitent et l’obsèdent… Une correspondance à sens unique est plutôt rare en littérature. Celle-ci est une quête d’identité, un retour sur soi lucide, un constat d’échec, une lutte éperdue pour ne pas perdre pied. Par-delà l’envie, la jalousie, l’amertume, il y a le vide. Et ce vide ne peut être comblé que par celui par qui la disgrâce est advenue. Dans Destin, désert (NB mai 2005) l’auteur abordait déjà les souffrances intérieures. Ici, l’habileté de l’écriture et de la construction, pour traduire la confusion des émotions et la menace sourde qui plane, entraîne dans un véritable thriller psychologique. La fine observation de l’évolution de « l’état-limite » psychiatrique en état critique pulsionnel est quasi clinique. Un labyrinthe étouffant et mortifère, des mots ressassés ou déchaînés qui retentissent longuement…