Simple

ESTEVE Julie

AnnĂ©es 1980 dans les montagnes corses. Anton est l’idiot du village, humiliĂ©, moquĂ©, rejetĂ© mĂȘme par sa famille. Quelques figures bienveillantes l’entourent nĂ©anmoins : Madeleine, l’institutrice, Florence, une adolescente enceinte. Plus tard en prison, un dĂ©tenu mafieux  le protĂšge. Mais tous sont morts, il reste seul. Sur lui pĂšse toujours l’accusation du meurtre de Florence, tuĂ©e par une balle provenant d’un fusil introuvable qui aurait Ă©tĂ© le sien, raison pour laquelle il a Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ© quinze ans. Simple est le deuxiĂšme roman de Julie EstĂšve. Il dĂ©bute par l’enterrement de l’anti-hĂ©ros dans l’indiffĂ©rence ou le ressentiment. Puis le rĂ©cit est transcrit par le souffre-douleur qui parle Ă  une chaise en plastique abĂźmĂ©e, rebut rĂ©cupĂ©rĂ© comme lui. Son vocabulaire cru et simpliste, son incohĂ©rence apparente obligent le lecteur Ă  se couler dans sa peau. La langue souvent poĂ©tique dĂ©crit magistralement les beautĂ©s et la rudesse de l’üle. Le passĂ© se dĂ©voile progressivement, sans que le mystĂšre s’éclaire ni que le climat s’apaise. Le suspense est d’autant plus prenant que les acteurs du drame, indiffĂ©rents, restent visiblement extĂ©rieurs au dĂ©nouement inattendu. Un livre habilement construit et Ă©mouvant. (L.G. et M.S.-A.)