Dans cet essai, l’auteur, historienne et militante féministe, veut comprendre pourquoi Simone de Beauvoir a toujours nié avoir eu des amours homosexuelles. Dans sa correspondance celle-ci raconte ses relations charnelles avec des jeunes filles, ses élèves parfois, qu’elle partage avec Sartre en formant un trio. Elle parle d’elles de façon brutale, méprisante. Inconscience de ce comportement prédateur ? Jusqu’en 1949, où paraît Le deuxième sexe, elle ne s’est pas engagée pour la cause des femmes, et s’est montrée indifférente aux événements tragiques pendant la guerre. Marie-Jo Bonnet se demande comment le livre de Beauvoir – misogyne selon elle – a connu un tel succès mondial auprès des féministes. Certes, la philosophe y démontre que la féminité est un mythe socialement construit et que la femme doit se poser à égalité avec l’homme. Cela ne l’empêche pas de vivre une histoire d’amour traditionnelle avec Nelson Algren et de souffrir de jalousie vis-à-vis de Sartre. Elle ne soutient le MLF que tardivement, autour du combat pour l’avortement. Ce « cerveau d’homme dans un corps de femme » n’a pas pu admettre une part d’elle-même. Règlement de comptes et querelles de chapelles féministes sous-jacentes altèrent un peu l’intérêt de ce portrait critique et documenté. (B.T. et A.Le.)
Simone de Beauvoir et les femmes
BONNET Marie-Jo