Rien que la mer

GEILLE Annick

Le soleil du soir sur un petit port de Bretagne. Une femme attablée dans un restaurant attend son mari. Il ne viendra pas. Il est parti pour toujours. Elle souffre, elle a honte, elle n’est plus toute jeune. Comment vivre désormais ? Elle part alors en voyage dans l’Antarctique. Autre récit en alternance : à Mers el-Kébir la flotte française dans la brume de l’aube en juillet 1940. Un jeune radio aperçoit au loin le mouvement des navires anglais. Son bâtiment, le Strasbourg, échappera au drame. Il n’oubliera jamais. Ces deux destins se rejoindront plus tard. Annick Geille (Un amour de Sagan, NB février 2008) a eu accès au journal de bord de l’amiral Geli, à l’époque adjoint du capitaine de vaisseau Collinet qui sauva le Strasbourg du bombardement anglais, enfreignant les ordres de l’amiral Gensoul. C’est la partie la plus émouvante du roman : l’intensité de l’écriture crée une atmosphère réaliste et juste. Il en émane une dignité où la fierté domine l’angoisse qui enfle. Le récit du deuil de la femme abandonnée et de la mort du père est nettement moins réussi, plus banal, alourdi par les thèmes à la mode. Deux blessures sur fond de souvenirs. (V.M. et B.Bo.)