CinĂ©aste inclassable, toujours en recherche de ce qui peut surgir du nĂ©ant, Vito Stern, rĂ©fugiĂ© praguois ayant fui le communisme, s’installe dans une banlieue parisienne, loin de son univers bourgeois. Il filme la citĂ©, ses dealers, ses bandes, ses filles, tout ce qu’il faut pour s’attirer des ennuis. Et disparaĂźt ! Rose, sa compagne, issue elle-mĂȘme d’une trĂšs modeste famille, s’installe dans le studio qu’il occupait, tente de comprendre le mystĂšre Ă travers les vidĂ©os qu’elle y dĂ©couvre, et noue des relations plus ou moins empreintes de mĂ©fiance avec les habitants.
 MĂ©tropolitains (NB fĂ©vrier 2005) peignait dĂ©jĂ avec rĂ©alisme un petit peuple d’exclus. LĂ encore, Juliette Kahane Ă©crit en noir et sombre, regarde et fait regarder un monde Ă l’image de son hĂ©ros : dĂ©vastĂ©, sans fard, travaillĂ© par la vie. Les barres, la dalle, les rectangles des fenĂȘtres, d’une fenĂȘtre, toujours la mĂȘme, toujours de la mĂȘme fille⊠Mais sous sa plume, l’approche est bienveillante. PrĂ©cise dans le montage, l’auteure resserre le filet autour du cinĂ©aste, voyeur obsessionnel devenu hors champ mais prĂ©sent dans les plans oĂč il se met en scĂšne. Au fil des visionnages, Rose perce l’invisible et fait enfin la lumiĂšre sur le drame intime de Vito Stern qui la renvoie, elle, Ă son propre reniement.
