Qu’importe le navire

BALA Sharon

Un bateau arrive au Canada avec Ă  son bord 500 migrants venus du Sri Lanka. Le pays d’accueil, mĂ©fiant, les place tous en dĂ©tention en sĂ©parant les hommes des femmes et enfants. C’est dĂ©chirant pour Mahindan, jeune veuf Ă  qui on arrache son petit garçon. Chaque cas doit ĂȘtre apprĂ©ciĂ© individuellement car comment distinguer une personne de bonne foi d’un terroriste dangereux ? On dit que des Tigres tamouls se seraient glissĂ©s dans le groupe. Grace, juge au tribunal, doit trancher. De vĂ©ritables cas de conscience quand la sentence signifie le retour au pays et peut-ĂȘtre la mort.

Un fait banal entendu cent fois aux actualitĂ©s s’incarne ici grĂące Ă  diffĂ©rents personnages reprĂ©sentant une variĂ©tĂ© de points de vue. Le rĂ©fugiĂ© tamoul, Mahindan, a fui la guerre en espĂ©rant une vie meilleure pour son fils ; la canadienne Priya, avocate stagiaire, tamoul d’origine, est embarquĂ©e malgrĂ© elle dans une problĂ©matique qu’elle ne voulait pas voir ; Grace, la juge, est issue elle-mĂȘme de l’immigration japonaise
 Dans ce face-Ă -face avec les migrants, les deux femmes sont confrontĂ©es Ă  leur passĂ©. Quant Ă  Mahindan, des flash-backs nous Ă©clairent sur sa vie tragique au Sri-Lanka. Le roman bien menĂ© suscite Ă©motion et rĂ©flexion, abordant avec finesse le sujet de l’immigration dans sa complexitĂ©, que l’on soit juge ou partie ; peut-on juger indĂ©pendamment de son parcours personnel et familial, et sans penser aux consĂ©quences ?  Comment inspirer confiance lorsqu’on est un rĂ©fugiĂ©, abĂźmĂ© par des combats fratricides ? Un rĂ©cit plein d’humanitĂ©. (F.E. et S.H.)