Que sont nos amis devenus ?

SÉNANQUE Antoine

Déprimé, le docteur Pierre Mourange… Sa vie s’envase. Sa femme le quitte. Et le revolver avec lequel son psychiatre s’est suicidé porte ses propres empreintes. « Suicide ? Meurtre plutôt », grommelle l’inspecteur Guise, ennemi des classes aisées. Heureusement, la supérieure de Guise, aux jambes joliment galbées, absoudrait volontiers le présumé coupable… Et Pierre a deux amis, pensionnaires de l’EHPAD qu’il dirige, dont les années et l’alcool n’ont pas obscurci les QI exceptionnels. Émus, ils développent pour l’innocenter des plans ténébreux, aux succès variables…

Le récit, romantique malgré son ironie, amuse et séduit. Rutebeuf a inspiré son titre. C’est dire le souci d’écriture d’Antoine Sénanque (Jonathan Weakshield, Les Notes juin 2016). Les personnages secondaires, convenus comme il convient – détective grognon, confrère ambitieux, masseuse clandestine – animent l’intrigue à point nommé. La fête de l’EHPAD nous promène dans ses jardins où les pensionnaires délirent joyeusement. Et, mélange réussi, dans ce contexte volontiers parodique, rien ne se perd de la complexité des sentiments, liens familiaux, amours, amitiés, regrets, rôle trouble du vieil ami… Trahisons, peut-être ? Ces doutes obscurcissent un temps un coin de l’azur amical. Cependant, lassitude et désenchantement ne durent qu’un temps… (M.W. et C.-M.T.)