Quatuor

ENQUIST Anna

Deux hommes, deux femmes. Étudiants, ils se sont liĂ©s dans la classe de musique d’un cĂ©lĂšbre soliste. Des annĂ©es plus tard, ils forment un quatuor amateur qui, Ă  chaque rencontre, se ressource dans l’amitiĂ© et dans l’Ă©vocation de leurs vies difficiles : divorce, insatisfaction pour les uns ; tragĂ©die pour les deux autres qui ont perdu accidentellement leurs fils. Quant au soliste, dĂ©crĂ©pit, solitaire, angoissĂ© perpĂ©tuel, il hait sa vieillesse, malgrĂ© un petit immigrĂ© compatissant. Le procĂšs et la fuite d’un criminel ajoutent suspense et dĂ©sordre Ă  ces destins hĂ©sitants.  Une sociĂ©tĂ© (hollandaise) qui s’effrite, un monde impitoyable et corrompu fournissent un arriĂšre-plan pessimiste Ă  des caractĂšres un peu trop typĂ©s : le rugueux, le lĂ©ger, la bonne Ăąme, l’inconsolable, l’enfant merveilleux. Les arcanes du deuil sont sondĂ©s dans les rĂšgles. Le soliste incarne le prototype du vieillard paranoĂŻaque. Mais si Anna Enquist (Les endormeurs, NB mars 2014) est psychanalyste, elle est Ă©galement pianiste. Mozart, Schubert, Dvorak traversent ses pages de leurs accords enchantĂ©s. La perfection du son des instruments – un luthier fait partie du quatuor –, la recherche d’harmonie collective s’entendent derriĂšre les mots. L’affaire criminelle peine Ă  s’insĂ©rer, le lecteur ne s’en soucie guĂšre, attentif Ă  la mĂ©lodie mĂ©lancolique qui se dĂ©gage du rĂ©cit. (M.W. et B.T.)