Princesse Lulu et Monsieur Nonosse

RAUD Piret

Qui mange toutes les nuits le tube de dentifrice de la princesse Lulu ? AccusĂ©e Ă  tort, la fillette en colĂšre fait le guet ; le coupable, c’est monsieur Nonosse, un squelette, un vrai, qui loge le reste du temps dans le placard de la chambre du roi, chargĂ© d’y garder un coffret qui contient un secret. Quand elle le dĂ©couvre dans sa salle de bains se brossant les os de la tĂȘte aux pieds, l’intrĂ©pide Lulu prend pitiĂ© du malheureux tellement solitaire, penderie oblige, qu’il ne parle qu’à sa cravate. Pour qu’il vive au grand jour, elle va le faire passer pour son invitĂ©e. EnveloppĂ© de bandelettes, vĂȘtu d’une robe, il donne le change : c’est une star qui vient de subir une opĂ©ration esthĂ©tique et souhaite garder l’incognito ! Au palais, on s’empresse. Mais, dans la rue, lors d’une promenade en ville, Nonosse, attaquĂ© par un chien qui a flairĂ© l’aubaine, perd le prĂ©cieux coffret en abandonnant le terrain. Pour les deux amis, l’aventure commence. À la clef, rien moins que la dĂ©couverte du royal secret !

Un doux nonsense prĂ©side aux nombreuses pĂ©ripĂ©ties de l’équipĂ©e des deux hĂ©ros. TrĂšs vite, ils ne sont pas seuls : dans un festival de patronymes, on va croiser, pour faire vrai, Monsieur Plume le chef de la police aux dĂ©ductions bien lĂ©gĂšres, et Mari-Mira Bulle, la clairvoyante journaliste ; plus Ă©tonnant, un squelette de poisson rĂ©cemment mangĂ©, et qui rĂ©pond au prĂ©nom de CerbĂšre, devient, sans doute par solidaritĂ©, le farouche dĂ©fenseur de Nonosse ; c’est enfin le vieux  Socrate, dĂ©boutĂ© de sa fonction de pĂ©dagogue parce qu’il en savait trop, qui conduit au dĂ©nouement. Ces personnages sont de plus mis en scĂšne dans les petits dessins caricaturaux qui accompagnent le texte. Les voilĂ  bien campĂ©s dans leur dĂ©licieuse absurditĂ©.

De chapitre en chapitre, le roman obĂ©it Ă  la logique dĂ©calĂ©e de ses sympathiques personnages, de rebondissements Ă©tonnants en dĂ©nouement rĂ©jouissant. Le noeud de l’intrigue, le fameux secret, est un sommet de loufoquerie. Le monarque Ă©tait un cancre, ses bulletins scolaires en attestent comme la copie, imaginĂ©e pour le plaisir du lecteur, d’une de ses infĂąmantes rĂ©dactions ! Il a donc menti et c’est mal. Pas de leçon de morale pour autant, mais un happy end fantaisiste et frais : Lulu est une enfant solide, dĂ©terminĂ©e, qui ramĂšne son menteur de pĂšre dans le droit chemin pour le meilleur du royaume. Ce rĂ©cit positif bĂ©nĂ©ficie d’une Ă©criture lĂ©gĂšre avec une touche d’innocente naĂŻvetĂ©. La qualitĂ© de la traduction, jeux de mots y compris, est indĂ©niable. Un rĂ©gal !