Pour que rien ne s’efface

LOCANDRO Catherine

Dans  une misĂ©rable chambre de service oĂč traĂźnent cendriers pleins, bouteilles d’alcool et photographies, pompiers et pompes funĂšbres dĂ©couvrent une femme de soixante-cinq ans en tailleur Chanel morte depuis deux mois. D’origine modeste, actrice cĂ©lĂšbre Ă  dix-huit ans, Lila a succombĂ© Ă  ses excĂšs et sa dĂ©chĂ©ance progressive est relatĂ©e par douze tĂ©moins. À Paris, Cannes, Hollywood, rencontres, amours et amitiĂ©s inabouties s’accumulent comme les Ă©checs, le pire Ă©tant la noyade d’une de ses jumelles. L’insuccĂšs accĂ©lĂšre la descente aux enfers. Face Ă   la haine de son autre fille et ses dĂ©boires personnels, Lila s’enfonce inexorablement.  ScĂ©nariste, Catherine Locandro (L’Histoire d’un amour, NB octobre 2014) connaĂźt bien le monde du cinĂ©ma et s’attache Ă  souligner la solitude affective, le mal-ĂȘtre et la fragilitĂ© d’une cĂ©lĂ©britĂ© rendue Ă  l’anonymat. La premiĂšre image du rĂ©cit est trĂšs typiquement une mise en scĂšne dramatique. Les douze regards diffĂ©rents sur Lila explicitent les Ă©vĂ©nements, retracent aussi les trajectoires personnelles de ceux qui l’ont approchĂ©e. De nombreux dĂ©tails et quelques rĂ©pĂ©titions alourdissent parfois le rĂ©cit. En revanche le portrait de la fille survivante et de la petite-fille suscitent l’empathie. L’écriture est prĂ©cise et le dĂ©roulement du film Ă  l’envers efficace, quoique un peu artificiel. (S.La. et A.-C.C.M.)