Pianissimo pianissimo

TSUJI Hitonari

Encore une fois, Tsuji change de registre. Ici, l’histoire Ă©trange et tendre de deux collĂ©giens s’inscrit dans l’univers des mangas, avec son rythme, ses cadrages en gros plan, son utilisation du fantastique. TĂŽru, depuis l’enfance, vit avec un compagnon, espiĂšgle malfaisant, qu’il est le seul Ă  voir. Son ami, lui, est une fille qui se veut garçon. Et tous deux – tous trois – frĂ©quentent un collĂšge oĂč le meurtre incomprĂ©hensible d’une petite fille a semĂ© la panique. Les bĂątiments scolaires, immenses, se doublent en sous-sol de bĂątiments identiques, royaume des morts surveillĂ© par des puissances malĂ©fiques. Mais tout ceci n’est-il pas crĂ©Ă© par la part de mal que le hĂ©ros porte en lui ?  Au dĂ©but, un monde gris et morne entoure le huis clos psychique oĂč le collĂ©gien s’enferme. Cette peinture tragique s’éclaire adroitement par la prĂ©sence du double, Ariel, potache qui multiplie provocations et insolences inaperçues de tous, dans l’atmosphĂšre pesante du collĂšge. La progression, dĂ©licate et pudique, d’une amitiĂ© amoureuse module la seconde partie. Et malgrĂ© la longue descente aux enfers du hĂ©ros et ses interrogations mĂ©taphysiques rĂ©pĂ©titives, la fin culmine superbement dans une scĂšne de rĂ©surrection, marquant l’entrĂ©e de TĂŽru dans la vie adulte.