Petit Piment

MABANCKOU Alain

« Rendons-grĂące-Ă -Dieu, le-MoĂŻse-noir-est-nĂ©-sur-la-terre-des-ancĂȘtres »  Tel est le prĂ©nom glorieux que Papa Mobelo, saint prĂȘtre issu d’une tribu pygmĂ©e du ZaĂŻre, lui a donnĂ© lors de son admission Ă  l’orphelinat de Loango au Congo Brazzaville. HĂ©las, devenu plus communĂ©ment Petit Piment, il n’a connu, Papa Mobelo parti, que la brutalitĂ© de l’institution. Il la fuit Ă  l’adolescence pour retrouver celle des gangs dans les rues de Pointe-Noire. Vient un trop bref Ă©pisode de douceur dans un bordel accueillant. Ce dernier Ă©pisode achĂšve Petit Piment, des trous bĂ©ants se creusent dans sa tĂȘte
 Tragique destin , certes. Il est racontĂ© par le hĂ©ros lui-mĂȘme avec un humour joyeux qui n’enlĂšve rien aux cruautĂ©s de la vie. Inimitable parole africaine dont le riche vocabulaire, volontiers littĂ©raire, enlumine caractĂšres et situations, grotesques ou dĂ©sastreuses… L’avĂšnement de la RĂ©volution (communiste), le nĂ©potisme, la corruption, les haines tribales, la violence ordinaire sont Ă©voquĂ©s avec une ironie moqueuse. Mais on sent Alain Mabanckou (LumiĂšres de Pointe-Noire, NB avril 2013) proche de ses personnages, de leur imaginaire qui enchante de rĂȘves grandioses les vies misĂ©rables. C’est un des charmes de ce roman. (M.W. et L.G.)