Oui à la Turquie

ROCARD Michel

Pour Michel Rocard, le rêve d’une Europe fédérale est mort en 1972, lorsque la Grande-Bretagne, obstinée à freiner l’intégration, exigea, à l’occasion de son entrée, l’unanimité pour les décisions concernant la fiscalité, la politique étrangère, etc. Ce désormais « club » de pays qui partage des règles communes en matière de Droits de l’homme, de démocratie, d’économie et de finances, doit donc s’ouvrir à ceux qui veulent les appliquer, notamment la Turquie. Déjà liée par un accord douanier, cette république a depuis vingt ans fait de considérables avancées dans ces domaines. Elle pourra accélérer ces progrès du fait de son intégration, nous ouvrir les portes de l’Asie centrale avec ses réserves énergétiques et ses populations avides de paix et de prospérité, et nous aider à mieux comprendre le monde musulman et nous en rapprocher. Son rejet aurait les effets contraires et pousserait la Turquie vers d’autres alliances.

 

Plus qu’un plaidoyer, c’est une démonstration argumentée, documentée, cohérente et convaincante, balayant bon nombre d’idées préconçues sur un sujet très actuel. Certains dossiers restant encore très sensibles (la reconnaissance du génocide arménien, la partition de Chypre, la minorité kurde), cette intégration devrait attendre 2023, mais son acceptation formelle anticipée encouragerait la Turquie à avancer sur ces points.