La jeune VĂ©nĂ©rande, ivre de vengeance, engage un ancien insoumis devenu tueur Ă gages, « lâInfernu », alias Ange Colomba, pour retrouver les quatre bandits qui ont torturĂ© sauvagement son frĂšre dans le maquis corse, volant ses brebis, le dĂ©figurant et lui coupant la langue. « L’Infernu », fatiguĂ©, Ă bout de ressources, accepte Ă la condition qu’elle l’accompagne dans cette chevauchĂ©e vengeresse.Â
Marc Biancarelli (Murtoriu : ballade des innocents, NB dĂ©cembre 2012) mĂšne ce couple improbable sur le rythme cavalier et Ă©pique dÂŽun western spaghetti. Les longs monologues du tueur Ă©voquant pour sa compagne son passĂ© et ses obsĂ©dantes scĂšnes de tuerie, de torture et de viol alternent avec des dialogues nuancĂ©s et subtils, presque doux, entre le vieux mercenaire et la jeune passionaria. Lâauteur, vrai conteur, cisĂšle une belle Ă©criture changeante, ample et visuelle, puis sobre et allusive. Il mĂȘle Ă son rĂ©cit l’histoire, mĂątinĂ©e de lĂ©gende, des mĂ©faits de la horde de rebelles-truands, les Orphelins de Dieu, que la misĂšre, la grivĂšlerie, le destin avaient jetĂ©s sur les chemins corses, sardes ou grecs au XIXe siĂšcle… Un livre allĂ©gorique, Ăąpre et talentueux, parfois presque politique.
