Noir sur blanc

TANIZAKI Jun'ichirĂŽ

Mizumo est un Ă©crivain traitĂ© « d’homme dĂ©moniaque » car il se met en scĂšne comme l’assassin dans ses romans. Un matin, il s’affole : par Ă©tourderie, dans son rĂ©cit, il a donnĂ© Ă  la victime le nom d’un homme qu’il dĂ©teste, Kojima. Et si cet homme Ă©tait vraiment assassinĂ© ? Il serait le coupable idĂ©al. Impossible de rĂ©cupĂ©rer le manuscrit. Toujours fauchĂ©, en attente de nouvelles expĂ©riences sexuelles, il se prend de passion pour une prostituĂ©e. Tout est parfait mais Kojima est assassinĂ©.  Tanizaki Jun’ichirĂŽ (Louange de l’ombre, NB mars 2017) a disparu en 1968. Ses romans sont Ă©tranges, le sexe se mĂ©lange Ă  la mort dans un monde inquiĂ©tant oĂč fiction et rĂ©alitĂ© ne font qu’un. Il joue ici Ă  maintenir l’équivoque en imaginant dans la tĂȘte de son hĂ©ros des scĂ©narios d’un raffinement diabolique, avec un luxe de dĂ©tails improbables qui font prĂ©voir le pire. Une Ă©criture froide, un humour distant ajoutent Ă  l’interrogation qui Ă©mane de cet homme en Ă©ternelle introspection. VĂ©ritable meurtrier ou assassin de papier qui se prend Ă  son piĂšge ? Le dĂ©nouement laisse pantois. Une belle prouesse littĂ©raire, Ă©crite en 1928, dans un Japon tentĂ© de s’ouvrir Ă  la civilisation occidentale. (C.-M.M. et V.M.)