Nager sur la frontière

POTOSKI Antonin

Antonin Potoski a une façon personnelle de voyager (Hôtel de l’amitié, NB mars 2004) : il a besoin de l’éloignement pour appréhender un pays, et de contrastes géographiques pour écrire. Il lui faut le souffle sec et brûlant de la péninsule arabique assorti de ses souvenirs du Sahel pour rendre compte de la moiteur humide du pays de Cardamone – est de l’Inde et Bangladesh – où il fait de longs séjours. Il lui faut songer à son amant peul pour aimer son amant bengali. Et passer dans le pays limitrophe, la Birmanie, pour mieux rendre palpable la pluie, la boue, le vacarme et le grouillement d’un Bangladesh à la démographie galopante, que vient nourrir l’immigration clandestine de musulmans chassés des monts de l’Arakan frontalier par les bouddhistes birmans. Le récit est dense et hybride, mêle descriptions auditives, visuelles et olfactives, questions politiques, sentiments, cogitations intellectuelles et lamentations sur une santé défaillante. On peut, tour à tour, être intéressé, agacé ou séduit.