Murmures à Beyoğlu

BOROTAV David

Humour, mélancolie, profondeur, maîtrise de la construction président à cette histoire de retour et d’exil d’un Turc insomniaque, fils de poète, né à Beyoğlu – quartier colline d’Istanbul –, exilé adolescent à Paris, travaillant à Londres. La cinquantaine tourmentée, il revient dans sa ville de naissance. Le prétexte ? Retrouver un poème manuscrit de son père, indignement traduit en français. Sous les gris et les bleus du Bosphore, d’une rive à l’autre, entre ses nuits de veille, il revit surtout avec une ironie fiévreuse ses souvenirs d’enfance, dans leur rude confrontation à l’Istanbul moderne. Pas un brin d’exotisme oriental, mais l’exploration d’une appartenance qu’il a dû oblitérer et qu’il retrouve en même temps que le sommeil, pour revenir enfin lesté dans le réel de sa vie londonienne, en attente d’un enfant. Dans ce premier roman très maîtrisé, les courts chapitres alternent – maintenant, hier, autrefois – sans confusion possible, petites unités denses, exactement closes autour d’un personnage, d’une histoire, d’un événement. Difficile d’oublier cet aller-retour Londres/Istanbul.